Início do conteúdo principal.

Le musée d’art municipal de Minami-Alps a été construit pour regrouper les oeuvres de l’artiste Shunsen Natori, originaire de la ville ; on dit qu’il s’agit du dernier maître de « Yakusha ukiyo-e hanga », (役者浮世絵版画), c’est-à-dire des estampes représentant des acteurs de théâtre kabuki. Le musée possède plus de 1800 oeuvres du maître, ainsi que de nombreux travaux réalisés par des artistes de shin-hanga (littéralement : « nouvelles gravures ») datant de la même époque. 
 

Shunsen1

L’influence de l’ukiyo-e à travers le monde

En 1999, le célèbre magazine américain LIFE publie un classement des 100 personnages historiques qui ont joué un rôle fondamental pendant le dernier millénaire ; on y trouve notamment Thomas Edison, Christophe Colomb, Galilée, Léonard de Vinci, William Shakespeare ou encore Napoélon Bonaparte. Un seul Japonais fait partie de ce classement de personnages ayant laissé une empreinte durable dans l’histoire : le génial maître d’estampes ukiyo-e Katsuhika Hokusai. L’ukiyo-e a considérablement influencé l’art moderne européen, jusqu’à donner naissance au mouvement du « japonisme », dont l’innovation eu un impact considérable dans le monde artistique occidental.

 Shunsen2
▲ La Grande Vague de Kanagawa faisant partie des 36 vues du Mont Fuji, par Katsushika Hokusai

Claude Monet, Edouard Manet, Paul Cézanne et Vincent Van Gogh ont ainsi puisé certaines de leurs inspirations dans l’esthétique de l’ukiyo-e ; ce dernier en particulier avait en sa possession des centaines d’estampes, dont plusieurs sont représentées en arrière-plan de sa peinture « Portait du Père Tanguy ». De fait, l’influence de l’ukiyo-e sur l’artiste et son admiration pour le Japon sont des anecdotes célèbres dans le monde de l’histoire de l’art.

 Shunsen3
Portait du Père Tanguy par Vincent Van Gogh
Le musée Van Gogh à Amsterdam propose de naviguer en ligne( External link ) à travers la collection d’ukiyo-e que Van Gogh a rassemblé de son vivant. Un bon moyen de vous immerger dans son univers artistique !

L’âge d’or des ukiyo-e et yakusha-e

Si dans le monde occidental la valeur artistique des ukiyo-e n’est plus à démontrer, pendant l’ère Edo (1603-1868), celles-ci n’étaient pas vraiment considérées comme des oeuvres d’art mais étaient un peu l’équivalent de nos flyers publicitaires, ou de posters évoquant les coutumes et le quotidien des habitants de l’époque. Les estampes de belles courtisanes (bijin-ga) de Katsuhika Hokusai, Hiroshige Utagawa, Harunobu Suzuki, Kiyonaga Torii et Utamaro Kitagawa sont bien connues du grand public, mais il se trouve que la moitié des ukiyo-e produites à cette époque représentent des scènes de kabuki ou des acteurs célèbres. Les estampes produites par Sharaku Tōshūsai et Toyokuni Utagawa représentent l’âge d’or des yakusha-e.

     Shunsen4 Shunsen5

  

 

 











 

▲Bijin-ga par Utamaro Kitagawa et Yakusha-e par Sharaku Tōshūsai 

 

 

 

Pour le grand public, ces estampes yakusha-e étaient donc inévitablement associées aux divertissements du théâtre kabuki. Cependant en 1896, avec l’arrivée de la technique de la photographie depuis les Etats-Unis, le rôle de média joué par les ukiyo-e se perd peu à peu, et leur demande se fait moindre. L’ère des ukiyo-e s’éteint ainsi à l’aube du 20ème siècle.

 

Les dernières ukiyo-e : les Shin-hanga de l’ère Taisho (1912-1926)

L’ukiyo-e connaît cependant une seconde vie grâce aux shin-hanga, ces estampes produites au moyen de la xylographie (reproduction multiple d’une image en utilisant la technique de la gravure sur bois) pendant les ères Taisho (1912-1926) et Showa (1926-1989). Les shin-hanga ne sont cette fois-ci pas envisagées comme un média, mais bien comme des oeuvres à part entière dans lesquelles les artistes expriment leur individualité et leur sensibilité artistique, ce qui les rapproche des peintures occidentales. Grâce à de nouvelles techniques issues de la modernité, ce sont des oeuvres délicates et précises qui sont créées à cette époque.  

Les shin-hanga sont alors associées à la rennaissance de l’ukiyo-e, notamment aux Etats-Unis où elles deviennent particulièrement populaires. Leur précision et la richesse de leurs couleurs sont telles qu’elles font penser à de vibrantes aquarelles.

 Shunsen6Shunsen7

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

Fudoudo, Meguro, Hasui Kawase et Sanzen sai, Shinsui Ito

Sigmund Freud, Steve Jobs ou encore la princesse Diana sont des personnages connues pour être des amateurs des estampes shin-hanga, dont on peut dire qu’elles perpétuent la tradition japonaise de l’ukiyo-e, tout en y intégrant certaines composantes de l’esthétique occidentale.

Parmi les artistes de shin-hanga les plus célèbres, on compte Shinsui Ito, avec ses estampes représentant des courtisanes, Hasui Kawase et ses paysages, Kouka Yamamura et ses yakusha-e, et bien sûr Shunsen Natori, originaire de Minami-Alps.

Le parcours artistique de Shunsen Natori

Shunsen Natori est né en 1886 à Yamanashi, dans la ville de Minami-Alps. Lorsqu’il était enfant, l’entreprise familiale connaissant des difficultés, il dût déménager à Tokyo. La vie à la capitale inspira encore davantage la vocation artistique du jeune Shunsen, dont le talent particulier se manifesta dès l’âge de dix ans. Si l’artiste est reconnu pour la diversité de ses travaux, allant de l’ukiyo-e au nihonga (peinture japonaise traditionnelle), son suicide tragique commis avec son épouse devant la tombe de leur fille a également participé à sa légende. 

Le style de Shunsen se distingue de l’impression de platitude des ukiyo-e en conférant au visage de ses modèles une expression réaliste et une profondeur sculpturale.

Shunsen9Shunsen8

 

 

 

 



 

 

 

 

 

Genjidana no otomi, et Nakamura Kichiemon – Mitsuhide Mao, Shunsen Natori

Le musée de Minami-Alps comprend de nombreuses œuvres de Shunsen, dont certaines sont exposées de manière permanente, et organise aussi régulièrement des expositions dédiées aux artistes de shin-hanga.

Récemment, les shin-hanga, qui combinent donc tradition des ukiyo-e japonaises et modernisme occidental connaissent un renouveau et gagnent en popularité. De la même manière que les ukiyo-e ont posé leur empreinte durable sur l’art moderne européen, assiste-t-on aujourd’hui à un boom global des shin-hanga ? 

Si comme moi vous êtes fasciné par l’esthétique des estampes japonaises, venez donc au musée d’art de Minami-Alps pour admirer les oeuvres de Shunsen Natori, le dernier maître des yakusha-e !

(Et si vous décidez de venir en juin, pourquoi ne pas combiner votre visite avec une cueillette de cerises( External link ) ?)

Accès et informations

Musée de Minami-Alps
〒400-0306 Yamanashi, Minami-Alps, Ogasahara 128
TEL 055-282-6600
Horaires d’ouverture : de 9h30 à 17h (dernière entrée à 16h30)
Jours de fermeture : les lundis, les lendemains de jours fériés, lors des fêtes de fin d’année, ainsi que lors des changements d’expositions

Accès:
Depuis la gare de Kofu, prendre un bus (environ 35 min) direction Kajikazawa 鰍沢営業所行 et descendre à l'arrêt Todacho 戸田町 puis marcher 10 minutes, ou prendre un bus direction Ogasawara-cho - via Nishino 西野経由小笠原下仲町 et descendre à l'arrêt Shiritsu bijutsu-kan 市立美術館 qui se trouve juste devant le musée.

Site internet( External link )

Publié le

  • October 6, 2021

Partager

Accueil > Journal du personnel > Le musée d’art de Minami-Alps : sanctuaire des œuvres du dernier maître de yakusha-e